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Lancement animé d’AvoTech, première association d’avocats créateurs de legaltech

Tech&droit - Start-up
04/10/2017
Très récent, l’écosystème des legaltech, ces start-up lancées sur le marché juridique et judiciaire, cherche à se structurer. Charte éthique, proposition de label, et dernière étape, création d’un do tank, AvoTech. Ce qui ne se fait pas sans difficultés. Explications.
Un communiqué de presse, daté du 3 octobre, et un article des Échos plus tard : la première association consacrée aux legal start-up était lancée. Une association professionnelle et « do tank » d’actions, AvoTech, unique en son genre, dont la vocation est de répondre aux services novateurs, disruptifs et accessibles à moindre coût, proposés depuis 2-3 ans par des start-up qui ont senti le vent tourner. Des services qui vont de la mise en relation entre avocats, à l’aide à la création d’entreprise ou l’arbitrage en ligne, en passant par la conciergerie ou la justice prédictive.

Sur certains de ces services, principalement en matière de consultation juridique, les legal start-up heurtent de plein fouet l’activité des avocats, en attaquant leur monopole, et en navigant, parfois, hors des limites de l’éthique (quid, notamment, de la garantie du respect du secret professionnel par certains de ces acteurs ?).

Sur d’autres, elles les accompagnent et leur offrent des solutions utiles et complémentaires. Et forcent cette profession à proposer davantage de services en ligne et à mieux répondre aux attentes de clients dont les exigences ont changé. La loi Macron (L. n° 2015-990, 6 août 2015, JO 7 août ; D. n° 2016-882, 29 juin 2016, JO 30 juin) a, en effet, ouvert le champ des possibles et permis aux avocats de devenir eux-mêmes start-upper. Certains avocats ont ainsi développé des solutions innovantes au sein de leur cabinet ; d’autres ont créé des sociétés commerciales.

Dans ce tout jeune écosystème, AvoTech voudrait faire entendre sa voix : « Nous étions un peu éparpillés. L’idée, c’est de nous regrouper au sein d’une structure qui va être une force de propositions pour que les avocats start-upper soient mieux entendus, pour que leurs droits soient mieux respectés et qu’ils soient un peu plus visibles », souligne Jérôme Giusti, vice-président d’AvoTech. Favoriser la création de start-up par des avocats, tout en veillant au respect d’une juste et saine concurrence par les autres acteurs. Un équilibre important pour Jérôme Giusti : « On n’est pas sur l’idée que toutes ces legaltech sont des braconniers du droit ». L’idée, c’est plutôt de montrer que les avocats peuvent également être acteurs d’innovation. Pour Mathieu Davy, président d’AvoTech, « il faut dire aux jeunes avocats, que l’on peut créer des plateformes, s’associer entre nous et créer ces nouveaux services du droit qui nous appartiennent naturellement, parce que l’on est sur notre secteur d’activité ».

Ce do tank aura donc vocation à repousser les freins qui se situent parfois au sein même de la profession d’avocat, favoriser une concurrence loyale, et reprendre la main sur leur champ d’action. Avec pour objectif, selon Jérôme Giusti, de « nous regrouper, nous rendre visibles, être porteurs de réformes possibles, pour aller plus loin que le décret Macron, pour faire en sorte qu’il ne soit pas rogné par les interprétations des différents ordres et barreaux, faire des démarches auprès du CNB, défendre des confrères que l’on estimerait injustement attaqués, etc. ». Mathieu Davy l’assure : « on veut travailler avec les ordres, avec les syndicats et les associations d’avocats existantes, avec les incubateurs évidemment, qui eux, ont lancé le mouvement et ont beaucoup œuvré pour que nos legaltech existent ».

« Ce que nous voulons, c’est passer à la vitesse supérieure, pour générer de la croissance et permettre d’aider les avocats entrepreneurs, dans la recherche de financement, de moyens humains et matériels », ce qui permettra d’avoir des chefs d’entreprises avocats qui pilotent des legaltech puissantes. Pour le président d’AvoTech, « dans quelques années, on ne développera nos activités quasiment qu’à travers les legaltech : dans 10 ans, soit on est 30 000 soit on est 120 000. Et si on est 30 000, c’est parce qu’on aura perdu nos parts de marché, laissées à des legaltech pilotées par d’autres professionnels du droit : tout le conseil va nous échapper ».

Douze avocats start-upper ont donc choisi de se regrouper pour fonder le premier do tank, entre association d’acteurs et syndicat professionnel, à savoir, Mathieu Davy (Call A Lawyer), Jérôme Giusti (Fast Arbitre), Charlotte Hugon et Julia Katlama (Votre Bien Dévoué), Samya Badouraly (TEG, Bail Commercial), Augustin Doulcet (Share Your Knowledge), Henri de la Motte Rouge (avomarque.fr et Deep Block), Jean-Philippe Touati (Indexity-legal et Deep Block), Eve d’Onorio di Méo (MaFiscalité.com), Robin Stuckey (Bad Payeur), Nicolas Rebbot (Call A Lawyer), et Arnaud Touati. Et depuis hier, de nombreuses autres start-up auraient demandé à rejoindre ce do tank.

Mais les premiers pas ont été difficiles. Deux des avocats fondateurs, Arnaud Touati et Eve d’Onorio di Méo, par ailleurs membres de l’incubateur du barreau de Paris, viennent déjà de quitter cette association. En cause, des tensions, notamment, avec l’incubateur du barreau de Paris, très actif depuis sa création en 2014, pour accompagner et révéler la force d’innovation de la profession. Mais pour Mathieu Davy, « on a besoin de tout le monde et AvoTech a vocation à proposer des partenariats aux incubateurs ». Là encore, un équilibre à trouver…
Source : Actualités du droit